STP

le Second Tiers Payant

un dispositif de résidence et de commande artistique

dans un cadre de soins psychiques individuels


INTRODUCTION


Validé par l'OMS via un rapport synthétisant plus de 900 publications scientifiques, l’impact bénéfique de l’art sur notre santé physique et mentale apparaît établi aujourd'hui (1,2 ). Ce rapport, le plus complet à ce jour sur le sujet, a été publié le 11 novembre 2019, quelques jours avant la découverte des premiers patients atteints par le Covid 19 à Wuhan (3).

A peine reconnu, le potentiel thérapeutique des activités artistiques a ainsi été immédiatement sacrifié pour une raison précisément de santé publique : la limitation de la propagation virale.

Ce potentiel thérapeutique de l'art n'a pas pour autant été négligé par les populations faisant face aux risques sanitaires liés aux confinements eux même: stress, incertitude, isolement social et affectif. Cette période a ainsi été spontanément propice à une intensification des activités artistiques en amateur, à une augmentation massive de l'exposition à des œuvres culturelles dématérialisées (4), et à un renouvellement des pratiques et des organisations au sein du champ de la création. (5)

A quelques années de distance de la pandémie, ce rapport de l'OMS reste un document de référence sur ce que la science peut dire des rapports entre les arts et la santé humaine. Afin d'en faciliter la compréhension, ses auteurs ont proposé une classification des arts en cinq catégories: arts de la scène, arts visuels, littérature , activités culturelles de groupe et art en ligne. Cette classification est associée, comme en miroir, à cinq autres catégories traitant des phénomènes affectant la santé humaine: troubles psychiatriques, maladies aiguës, troubles neurologiques et du neuro-développement, maladies non transmissibles (cancer, maladies respiratoires, diabète maladies cardiovasculaires...) et fin de vie (y compris les soins palliatifs et le deuil).

C'est au sein de cette double classification que sont décrits les effets thérapeutiques des arts. On y apprend alors que la valse s'est avérée aussi efficace que l'exercice aérobie pour améliorer la capacité fonctionnelle des patients souffrant d'insuffisance cardiaque chronique.(1, 6).

ou que l'écoute de musique aide à contrôler les niveaux de glucose dans le sang que l'on ait du diabète ou pas, et ce dans des situations ordinaires ou stressantes (1, 7, 8).

Mais c'est la santé mentale qui représente le champ de soins le plus développé dans ce rapport. En effet les dispositifs permettant d'associer arts et soins psychiques sont nombreux, anciens, et transculturels. Croiser une œuvre d'art dans un contexte de soins psychiques est fréquent: dès le Moyen Âge, l’art occupait dans les hospices dédiés aux fous et aux indigents une place identique à celle qu’on lui connaît dans les lieux de culte.

Par la suite, le développement de la technologie et de l'hygiène médicale hospitalière au 20 eme siècle a rendu la présence d'œuvres artistiques inutile voir inconvenante dans les lieux dédiés aux soins, y compris psychiques. Elles n'en ont pourtant jamais totalement disparu, et on observe depuis le début du 20 ème siècle, avec l’intérêt progressif pour les productions plastiques des patient.es jusqu'à institutionnalisation de l'art brut, une augmentation continue d’initiatives associant arts et soins psychiques.

La psychanalyse, et par la suite la psychothérapie institutionnelle, ont également constitué des laboratoires déterminants de recherche autour des liens entre création artistique et soins psychiatriques, dont il est impossible de résumer les contours dans le présent article.

Plus proches de nous, les mois ayant suivi la pandémie de Covid 19 ont été riches de projets traitant des liens entre santé mentale et création. Nous rappellerons ainsi dans un premier temps quelques unes des multiples initiatives portées plusieurs institutions culturelles majeures dans le monde, puis nous décrirons certains projets en France s'inscrivant dans cette dynamique tendant à favoriser l'attention portée sur le potentiel thérapeutique des œuvres plutôt que sur leur unique désirabilité (9). Nous décrirons enfin la place particulière des processus de commande artistique dans ce contexte avant de présenter le dispositif du Second Tiers Payant (STP)


Institutions culturelles et santé mentale


Dans les suites des premiers confinements liés à la pandémie de Covid 19, et alors que la notion d'éthique du care dans le champ de l'art connaissait déjà un fort engouement (10), les initiatives associant institutions culturelles et santé mentale se sont multipliées. On relève notamment :

 

« Mindscapes», « Mindscapes» est un programme cherchant à intégrer des réflexions culturelles dans les  conversations sur la santé mentale, et intégré par le Brooklyn Museum de New York, le Museum  of Art and Photography de Bangalore, le Mori Art Museum de Tokyo et le Martin-Gropius-Bau de Berlin. Au sein de ce programme international soutenu par la fondation britannique « Wellcome » (11), plusieurs artistes ont pu bénéficier de résidences; à titre d'exemple Kader Attia, avec la production de nouvelles œuvres pour l'exposition « On Caring, Repairing, and Healing »  au Gropius Bau de Berlin présentées entre septembre 2022 et janvier 2023, ou l'exposition intitulée  « Écoutez le son de la Terre qui tourne : notre bien-être depuis la pandémie » rassemblant près de 140 œuvres créées par 16 artistes japonais et internationaux à Tokyo, au Mori Art Museum en 2022.

 

 

« Shall We Talk’ » En 2023, le musée d'art moderne et contemporain M+ à Hong Kong, s'est associé à « Shall We Talk », une initiative ambitionnant d'élargir la conversation sur la santé mentale, en lançant un nouveau programme encourageant les jeunes à parler ouvertement de leur bien-être mental et à rechercher si nécessaire un soutien approprié à travers une série d'activités d'apprentissage (12). Un accès gratuit et facilité aux étudiants à l'exposition de Yayoi Kusama a été proposé dans ce cadre, ainsi que des ateliers d'art-thérapie expressive et un cycle de conférences publiques ouvertes au grand public. Ce partenariat est ainsi décrit comme « une plateforme pour explorer la créativité et l'expression de soi à travers différentes activités de découverte de soi, favoriser la force d'auto-guérison et promouvoir le bien-être mental dans la communauté ».

 

« Le grand désenvoûtement », «Toucher l'insensé »,  « COSA MENTALE » Au palais de Tokyo à Paris, la question est envisagée via celle du soin à apporter  aux institutions elles même, via le prisme de la psychothérapie institutionnelle. Sont ainsi proposés des programmations spécifiques, des performances, des projections ou des discussions tentant d'intégrer les réflexions issues de la psychothérapie  institutionnelle au sein du champ de la création contemporaine (13).


Le programme "Art sur ordonnance" Les actions provenant directement du monde de la médecine et de la recherche sont 

également très présents, avec à titre d'exemple en France le programme « art sur ordonnance » 

Inspiré d'expériences menées en Belgique, au Canada ou au Royaume-Uni, ce programme développé à Montpellier.a permis en 2022 à trois groupes d'une dizaine de patients souffrant de troubles psychiques de bénéficier de visites d'expositions et ateliers de pratiques artistiques, sur prescription de leur psychiatre. Financé par le Mo.Co, l'Agence régionale de Santé, la Direction régionale des affaires culturelle (Drac), ainsi que la ville et de la métropole de Montpellier, ce projet permet donc la mise en commun de moyens institutionnels et humains issus de deux champs d'activités, psychiatriques et artistiques, qui semblent s'accorder sur une même volonté thérapeutique.(14)

On note également qu'à chaque séance, les patients étaient accompagnés d'un étudiant des beaux-arts et d'un interne en psychiatrie. La présence de ces tiers en cours de formation en art et en psychiatrie est loin d'être anecdotique ; et l'ouverture concrète d'un processus psychothérapeutique en cours qui leur est proposée a constitué une inspiration importante pour le projet STP.


Demande de soins / commande artistique


Parmi les multiples projets actuels traitant de la potentialité thérapeutique des œuvres, ceux relevant plus particulièrement de la commande artistique semblent tisser un lien concret entre les champs du soin psychique et de la création artistique.

On retrouve en effet une analogie initiale entre la commande d'une œuvre artistique et une demande de soins psychiques; avec dans les deux cas, un mandat simple d'apparence : « soignez moi » dans un cadre de soins, « produisez une œuvre qui soignera » - un lieu, une institution, un quartier, une communauté- dans le cas d'une commande artistique.

Il n'existe pas de soins psychiques sans demande de soins initiale; qu'elle soit celle d'un.e patient.e, d'une famille, voir de la société ou de la justice dans les situations d'injonction de soins. Comprendre et travailler cette demande est un travail permanent pour un psychiatre ou psychologie clinicien.

De façon similaire, la mise en action artistique dans le cadre d'une commande part d'un désir exterieur à la volonté propre de l'artiste. Dans les deux cas, d'une demande de soins psychique comme d'une commande artistique, ce désir initial extérieur nécessite d'être travaillé par l'artiste/le soignant, via la construction d'une alliance relationnelle, d'un effort de reformulations, d’explorations historiques ou biographiques, avant de tracer les contours des besoins matériels comme symboliques, et des interventions pertinentes à mettre en place. L'absence de ce travail déterminant met en péril la qualité et la force de l'oeuvre finale, ou la qualité du soin psychique proposé.


Pour illustrer ces liens entre commande artistique et demande de soins, nous rappellerons le protocole des nouveaux commanditaires et prendrons l'exemple d'une œuvre réalisée dans un contexte de soins psychiatriques : « Valvert » de Valerie Mrejen, avant de préciser l'importance de la notion de détournement dans ce projet et dans les commandes artistiques en général.


« Les nouveaux commanditaires »

Rappel du protocole (15)


Le protocole des Nouveuax Commanditaires, formulé en 1991 par l’artiste François Hers et initialement portée par la fondation de France, définit les rôles et les responsabilités d'acteurs qui mènent ensemble une action dont la finalité est l'émergence d'œuvres d'art, en tout domaine de création.

  • Il propose à toute personne de la société civile qui le souhaite, sans exclusive et en n'importe quel lieu, seule ou associée à d'autres, les moyens d'assumer la responsabilité d'une commande d'œuvre à un artiste. En tant que commanditaire, il lui appartient dès lors de comprendre et de dire une raison d'être de l'art et d'un investissement de la collectivité dans la création.

  • Il propose aux artistes d'inventer les formes qui puissent répondre, dans leur infinie diversité, aux demandes d'une société et d'accepter, ainsi, un partage des rôles qui fait de la création artistique une responsabilité collective et non plus seulement privée.

  • Il propose aux médiateurs dont le rôle est d'établir des liens entre les œuvres et le public, de le faire également entre les personnes : l'artiste, le commanditaire et, au-delà, entre tous les acteurs sociaux qui se trouveront concernés. Ce médiateur organise leur coopération. Il apporte les connaissances nécessaires au choix du médium et de l'artiste appropriés ainsi que les compétences qui permettront d'assurer la bonne fin d'une production d'œuvre dans le respect des exigences de la demande et de la création. Ce médiateur peut également agir, en tant que producteur public, pour prendre en compte l'initiative des artistes quand il juge qu'elle répond à une situation contemporaine.

  • Il propose aux élus, aux mécènes et aux responsables d'organismes, publics ou privés, de contribuer par leurs investissements au développement d'une « démocratie d'initiative » ainsi que d'assumer une médiation politique qui permette d'inscrire l'œuvre dans la communauté à laquelle elle est destinée. Ils peuvent également assumer personnellement la responsabilité d'une commande qui répond à une nécessité collective.

  • Il propose aux chercheurs, dans leurs différentes disciplines, d'aider à la reconnaissance de la nécessité de l'art, de mettre en perspective l'action engagée et d'aider à la fonder sur une intelligence des contextes et des enjeux qui puisse être plus largement partagée.

En s'engageant dans un partage d'égales responsabilités, l'ensemble des acteurs accepte de gérer par la négociation les tensions et les conflits inhérents à la vie publique en démocratie.

L'œuvre d'art, devenue elle aussi un acteur de la vie publique, n'est plus seulement l'expression emblématique d'une seule individualité mais de personnes décidées à faire société en donnant un sens commun à la création contemporaine.

Financée par des subventions privées et publiques, l'œuvre devient la propriété d'une collectivité et sa valeur est, non plus marchande, mais celle de l'usage que cette collectivité en fait et de l'importance symbolique qu'elle lui accorde.


Une commande via le protocole des nouveaux commanditaires en milieu psychiatrique:

Valérie Mrejen à l'Hôpital Valvert, entre 2005 et 2008. (16) (17)


L’hôpital Valvert a été construit dans les années soixante dix sous l'impulsion d'une réorganisation dite « sectorielle » de la psychiatrie française. Celle ci proposait alors un maillage visant à d'offrir à l'ensemble de la population, un dispositif complet de soins psychiatriques élémentaires dans des structures d'hospitalisation à temps complet, à temps partiel ou de consultations, et comportant un accompagnement social visant à la réinsertion.

Porteuse d'espoir, cette réorganisation a été progressivement mise à mal et l'évolution de l'hôpital Valvert, à l'image de celle de la psychiatrie publique française a été globalement défavorable, associant depuis les années 90 une baisse constante des budgets à de nouveaux impératifs d’efficacité dans un cadre de plus en plus gestionnaire et comptable de l’activité de soin.

C'est dans ce contexte que les médecins et infirmiers de l’hôpital Valvert ont souhaité, avant leur départ en retraite, imaginer une façon de sensibiliser les futurs soignants aux valeurs de leur établissement et de leur engagement professionnel.

Ils faisaient alors le constat que « la pratique psychiatrique, dégagée du problème de la guérison et davantage ancrée à l’objectif d’aider à vivre, tend aujourd’hui à perdre sa spécificité. Sa capacité à réfléchir sur elle-même, et notamment sur ses relations de pouvoir avec les malades, s’émousse. L’esprit de famille qui la caractérisait s’affaiblit également. »

Le cahier des charges qu'ont rédigé ensemble les commanditaires et la médiatrice Sylvie Amar a en premier lieu posé des conditions précises de réalisation d’une œuvre : un document audiovisuel sur l’histoire des pratiques médicales de la psychiatrie contemporaine, prévoyant la réalisation d’interviews filmées de quelques figures de l’hôpital, menée par les commanditaires et l’artiste, dans des lieux choisis. L'objectif était alors de recueillir la parole des soignants, de ne pas filmer les patients, de réaliser un document pédagogique sur CD-ROM permettant la transmission d'un objet.

La commande est alors confiée à l'artiste Valérie Mrejen par Sylvie Amar.

Plusieurs détournements de la commande initiale sont rapidement alors opérés par l'artiste, en accord avec la médiatrice et les commanditaires, et afin de permettre de répondre au mieux aux enjeux, tant matériels que symboliques de ce projet.

Un premier détournement de la commande initiale a consisté à persuader les commanditaires que le projet de réaliser un film répondait peut-être mieux à leur demande que ne le ferait la production d’un CD-ROM réservé à l’usage interne de l’hôpital. Ce détournement, oriente le projet vers un champ de création déjà pleinement investi par l'artiste, permettant une plus grande adaptabilité et une diffusion plus large (initialement prévue pour un usage interne, le film a été diffusé au cinéma et en dvd).


Le second détournement opéré par l'artiste a tenu lieu d'un véritable sauvetage symbolique: remettre au premier plan du projet la parole des patientes et des patients de l'Hopital, qui ne devait pas apparaître dans le projet à la demande même des commanditaires, et ce malgré l'essence de leur activité qui est le recueil de cette parole au quotidien.


Un troisième détournement enfin, est venu renforcer la potentialité thérapeutique de l'oeuvre: Valérie Mrejen a filmé la réunion des soignants lors du visionnage d’une première sélection des rushes afin que ces derniers puissent participer à la création finale du film. Ce faisant, elle redonne aux soignants une capacité à agir sur le réel; capacité mise à mal dans le contexte de dégradation des soins en psychiatrie et qui constituait probablement le fond de la commande artistique de cette institution.,


Ainsi ce projet de commande a été l'occasion, via plusieurs détournements, d'apporter le soin demandé par l'institution, mais aussi à l'artiste comme elle l'exprime dans un entretien donné en 2010:

« (La rencontre de l’hôpital psychiatrique ) m’a libérée de quelque chose. Il y a des gens, ils sont là et ça m’échappe complètement. Rien n’est écrit, je ne maîtrise pas la situation, ça m’angoisse un peu mais ça me mène ailleurs. Il y a une forme de contrainte mais elle ne vient pas de moi, elle vient de l’extérieur, et du coup ça ne m’appartient plus, il faut s’adapter, composer avec les éléments qui se présentent, garder de la souplesse. Maintenant c’est très difficile pour moi de retrouver cette forme d’excitation dans l’écriture. Le face-à-face avec moi-même, c’est plus posé, et c’est trop… limité. »


De façon intéressante, les projets issus de commande une fois achevés sont souvent l'objet de nouveaux détournements, de réappropriations dans des logiques diverses, cette fois par le personnel soignant.(18) Ces multiples détournements viennent bousculer l’organisation hospitalière et parfois même redéfinir les identités professionnelles. De nombreux dispositifs du programme « Culture à l’hôpital » ont ainsi été détournés par les soignants pour développer leurs propres projets, d’ordre thérapeutique ou socio-thérapeutique, souvent orientés vers un objectif plus direct de soins. (18)


Présentation du dispositif STP(Second Tiers Payant)


Il semble ainsi que travailler à développer la potentialité thérapeutique d'une œuvre constitue un développement légitime du travail d'artiste. C'est dans cette logique que le dispositif de résidence et de commande STP a été mis en place, dans le cadre d'un groupe de travail composé de Redwan Maatoug (psychiatre exerçant au sein du service de psychiatrie de la Pitié salpêtrière à Paris) de Sinziana Riziani (psychothérapeute), et d'Aurelie Galois (artiste et art-thérapeute travaillant également auprès de patients de la Pitié Salpétrière)


a/descritptif

Le dispositif proposé ici est un protocole de résidence et de commande artistique, dans un contexte de soins psychiques individuels : Un.e psychiatre ou psychologue propose à un.e patient.e, dans le cadre de sa thérapie, de faire intervenir un.e artiste, pour un nombre de séances à convenir entre les trois personnes concernées : praticien.ne, artiste, et patient.e.

Cette résidence consiste, pour l'artiste, en une présence pendant le nombre de séances sollicitées par le.a praticien.ne et le.a patient.e. et , à la fin ou en cours de cette résidence, en la production d'une œuvre originale.

Le nombre de séances peut être reprécisé à la demande des personnes concernées (patient.es, artiste, thérapeute), y compris en cours de résidence. De la même manière le dispositif peut être interrompu, temporairement ou définitivement par le.a patient.e ou le.a praticien.ne.


b/Financement de l'oeuvre

Afin de permettre aux patients de pouvoir bénéficier de l'oeuvre à l'issue de la résidence, tout en limitant la dimension spéculative inhérente au statut des œuvres d'art, la pleine propriété de l'oeuvre est partagée ("démembrée") entre usufruit et nue-propriété, selon le modèle qui suit.

Au terme de la résidence, la structure associative « STP » acquiert l’œuvre auprès de l'artiste à un tarif limité convenu : ce tarif est plafonné au prix facturé de chaque consultation par le.a psychothérapeute. A titre d'exemple, si la résidence a consisté en la présence sur 10 séances (à un tarif de trente euros pas consultation payé au psychothérapeute), le prix de l'oeuvre payé à l'artiste est de 300 euros.

L'association « STP » propose de revendre dans la foulée l'usufruit de l’œuvre au patient, au même tarif (ou à un tarif inférieur en cas de revenus limités du patient), pour la durée de sa vie ou jusqu'à ce que le patient souhaite céder l'usufruit de l'oeuvre (revente au même tarif, ou don), avec un droit de préemption donné à l'association « STP ».

Les œuvres conservées par l'association « STP » (œuvres non acceptées par les patients, ou dont l'usufruit est rendu par le patient à un moment, ou en cas de décès) , ne pourront pas être revendues, en accord avec les statuts de l'association. L'accord commun à l'association et aux artistes participant précise en effet que les oeuvres produites dans ce cadre le sont dans une démarche  de recherche artistique au bénéfice de la santé psychique ou psychiatrique des patients, et d'une réflexion sur le potentiel thérapeutique des oeuvres plutôt que leur potentiel économique.

Les œuvres conservées par l'association STP constituent par ailleurs une artothèque, mise à disposition d'autres patients dans les mêmes conditions de partage de propriété.


Ce dispositif constitue un cadre interrogeant la propriété matérielle des œuvres d'art, à travers la reconnaissance de leur nature potentiellement thérapeutique (au même titre que tout autre soin individualisé, comme une prothèse par exemple, les œuvres étant ici spécifiquement créées dans un contexte de soin individuel). Il se rapproche de la démarche des creative commons proposant un assouplissement des droits de propriété intellectuelle afin d'encourager la circulation des connaissance et des œuvres.


Cas des œuvres sans support matériel

Pour les œuvres sans support matériel créées au cours de la résidence (performance, œuvre musicale, concert, théâtre), le rendu devra être envisagé dés le début de la résidence par les différentes personnes concernées : patiente.e, praticien.ne, artiste, association « STP »: présence ou non d'un public, lieu de la performance.etc

L'organisation de la performance sera assurée par l'association. « STP ».

Tout support matériel (enregistrement audio ou vidéo) est acquis par l'association, et l'usufruit en est proposé aux patient.e.s.

La participation financière des patient.e.s pour la performance et l'usufruit d'éventuels supports matériels reste limité au même plafond (tarif des consultations).


Droits de la personnalité des patient.e.s

Le patient a droit au respect de sa vie privée (son nom, son histoire, etc.) et de son image. Dès lors, si un quelconque élément dans la création permet de reconnaître le patient, un accord écrit est nécessaire avant toute diffusion de l'oeuvre.


Droits d'auteur de l'artiste (reproduction, représentation)

Les aspects régulant la représentation et la diffusion des œuvres créées dans le cadre des résidences « STP » doivent, au même titre que les œuvres elles même, être réfléchies au prisme de leur potentialité thérapeutique. Certains patients pourraient en effet bénéficier cliniquement d'une diffusion large de l'oeuvre créée (partage d'une œuvre issue de leur histoire auprès d'inconnus, décloisonnement de la souffrance psychique). D'autres au contraire trouveront un bénéfice à une diffusion restreinte (nécessité d'une intimité d'une sécurisation, au sein de la thérapie, ou d'un groupe de proches) .


A ce jour trois situations types sont envisagées :

-La création se fait sous une des licence creative commons, à déterminer entre les parties (patient.e.s, artiste, association)

-Les droits sont cédées à l'association « STP » qui s'engage à limiter toute diffusion au cadre non commercial d'un usage justifié par la prise en charge en santé mentale.

-les droits sont conservés par l'artiste, dans les limites du droit de personnalité des patient.e.s.


c/Sélection de l'artiste

Les artistes intéressés à participer à une des thérapies en demande du dispositif sont enregistrés dans une liste, et leur répartition se fait au hasard au sein de ces thérapies.

L'utilisation du hasard permet de régler deux importants écueils. Si une sélection, par le.a praticien.ne ou le.a patient.e n’empêche pas de principe la réussite artistique et thérapeutique du projet, elle risque d'être à l'origine d'un important biais de confirmation (tendance instinctive de l'esprit humain à rechercher en priorité les informations qui confirment sa manière de penser, et à négliger tout ce qui pourrait la remettre en cause.). La fascination portée sur un artiste déjà connu et désiré peut aussi produire un biais relationnel biaisant le dispositif.


Une fois sélectionné, un contact téléphonique est pris par l'artiste auprès du patient afin de permettre un premier échange et la possibilité au patient de découvrir l'artiste, sa pratique, ou de poser toute question préalable à la résidence.


Après l'accord des différentes personnes concernées, le dispositif est initié, il pourra être interrompu à tout moment, à la simple demande des patient.e.s ou des thérapeutes.


d/ détermination de l'efficacité thérapeutique

L'évaluation de l'efficacité concrète des soins psychiques est complexe. La méthodologie des essais thérapeutiques est bien établie dans les pathologies somatiques, et sert de modèle à l'évaluation de l'efficacité des thérapeutiques psychotropes ; on relève néanmoins que les critères d'évaluation eux même sont discutés (26), et parfois considérés comme insuffisamment liés à la dimension subjective propre aux troubles psychiatriques (27, 28)


pour les psychothérapies, les avis sont partagés. Un rapport de l'INSERM en 2004 est allé jusqu'à conclure que le psychisme et les effets dus aux psychothérapies ne pourraient pas, de par leur nature, être étudiés à la lueur des méthodes expérimentales, et en conséquence leur évaluation serait impossible. Ce constat a été largement débattu, sans qu'aucune méthode concrète ne soit parvenue à imposer un nouveau consensus sur le sujet.


Dans le projet « STP », si in fine l'artiste conserve évidemment toutes les décisions concernant la création de l'oeuvre, la spécificité de la situation l'invite à envisager la dimension thérapeutique de l'oeuvre d'art comme un des aspects associée à la création, ou aux questions relatives à sa diffusion. Elles doivent donc être définie, littéralement ou implicitement, pendant la résidence, conjointement par le.a patient.e, l'artiste, le.a thérapeute.

Cette définition partagée pourra se faire à l'image de la co construction des diagnostics en psychiatrie (28), idéalement spécifique à la situation et à la relation mise en place pendant la résidence.


Ce point est complexe, et pour envisager la relation avec le.a thérapeute sera importante pour l'artiste . Il peut en effet arriver que les patient.e.s décrivent une amélioration globale de leur état sans que le problème spécifique initial ne soit résolu (une douleur chronique, une phobie spécifique etc), ou que le problème se résolve spontanément, sans qu'un lien direct avec la thérapie n'est pu être établi.


On rappelera à titre d'exemple la nécessité, parfois, de détourner les demandes initiales est une pratique déterminante dans le cadre d'une commande (Valérie Mrejen, initalement commanditée pour la réalisation d'un dvd d'interviews d'infirmier.e.s psychiatriques proches de la retraites au sein de l'Hopital Valvert de Marseille, décide de réaliser un film incluant les patient.e.s (initialement explicitement exclus du projet) et faisant participer les soignants à la création et au montage de ce fillm

Michel françois, en 1997, initialement invité pour produire une sculpture dans la cour d'un centre de détention clinique (TBS) aux Pays Bas, , décide quand à lui de réaliser des films d'après leurs propres scenarii et de construire un lieu d'échange de créations (dessins, écrits etc) entre les personnes détenues.


e/ potentiels intérêts attendus

 

L'artiste et interprétariat

La présence d'un artiste au cœur d'une relation duelle patient / thérapeute en cours rappelle la présence des interprètes, dont le rôle est majeur dans les processus d'évaluation et de soin auprès des patient.es d'origine étrangère. En effet les barrières linguistiques sont un frein majeur à l’accès aux soins psychiques, et l’association entre troubles psychiatriques, notamment de psychose, et migration a largement été établie dans plusieurs études depuis des décennies (19). Ce risque est en lien avec le processus d’immigration en tant que tel, provoqué par le changement de société, la perte des repères familiers et la confrontation à un nouvel environnement, mais il découle aussi de la qualité de l’interaction entre les groupes migrants et la population du pays d’accueil, et plus largement ses institutions et son contexte social.


Ainsi, la subjectivité et le ressenti des interprètes sont indispensables à l'évaluation clinique; et leur avis est déterminant dans la caractérisation de troubles psychiques dont l’accès clinique est limité par des aspects culturels, de langage ou d'habitudes comportementales


L'artiste pourra ainsi occuper ce rôle d'observateur actif typique de l'interprète, et travailler ainsi en étant imprégné du même contexte: un bain relationnel et de langage partagé avec le thérapeute et le patient, contenant des éléments biographiques, sociaux, la découverte d'une technique ou d'une culture thérapeutique.


L'ouverture du champ de la thérapie

Les psychothérapeutes travaillent majoritairement en l'absence d'un tiers critique, et la règle demeure l'huis clos d'un cabinet de consultation ou d'un service hospitalier, perpétuant un modèle tendant à privatiser la souffrance psychique en occident. (20)

Une ouverture des questions de santé mentale dans la société, la place plus importante des associations de malades, de leurs familles, des réseaux sociaux, ou l'importance prise par la notion d'empowerment adaptée aux patients atteints de troubles psychiatriques, semble permettre une évolution sociétale tendant à la déstigmatisation de ces troubles . Mais la compréhension des organisations, de l'histoire et des enjeux des soins psychiques reste limitée pour les usagers.


Les soins psychiques, et notamment les psychothérapies, constituent en effet un ensemble de pratiques complexe (plus de 400 types différents de psychothérapies coexistent en Europe et aux Etats-Unis actuellement) chacune se rattachant à des références théoriques hétérogènes, parfois contradictoires. Les aspects transculturels, dans un monde où les circulations de population sont fréquentes et parfois massives viennent encore majorer cette complexité.


Tobie Nathan écrivait ainsi au sujet de l'opacité de ce champs de connaissance que« les psychothérapies tentent de promouvoir une relation corrective, au bénéfice du patient par nécessité pour le patient dont le monde relationnel est perturbé. Malheureusement, l'essentiel de cette relation est caché, ou inconnu: ce que le thérapeute fait avec moi, son intérêt et les bénéfices qu'il en attend, les forces qui sont cachées derrière lui, sur lesquelles il s'appuie et qu'il sert de toute son énergie. » (21) L'auteur appelle ainsi de ses vœux une évolution des psychothérapies « acceptant de transformer réellement l'espace de consultation en un lieu de débat contradictoire, comme l'est la scène publique, une psychothérapie qui inclue des témoins, des étrangers, qui institue des vigilances pour se protéger des abus. »(22)


Une ouverture aux soins psychiques apportée à un public particulièrement concerné : les artistes

On relève que les milieux artistiques, depuis les écoles d’art jusqu’aux institutions culturelles, constituent un terrain favorable au développement de souffrances psychiques voir psychiatriques (23,24).Ainsi, si on retrouve aussi des liens  biologiques, et notamment génétiques, entre créativité et souffrance psychique (un « air de famille » décrit par R.Gaillard (25)), ce risque accru peut aussi être expliqué par la présence de facteurs de stress multiples au sein de secteurs très concurrentiels (fortes hiérarchies entre corps de métiers, et entre gagnants et perdants économiques et symboliques du système), mais aussi par un rythme et des conditions de travail floutant les frontières entre espaces et temps de vie privée et professionnelle, et une précarité financière massive (16,17)

Cette position double de l'artiste comme potentiel soignant et soigné a constitué le point de départ de ce travail, et le dispositif du « Second tiers payant» présenté ici a été pensé pour permettre des évolutions mutuelles de ces deux champs : artistiques et du soin psychique.



CONCLUSION


Le dispositif de commande et de résidence STP envisage de favoriser l'accés aux artistes à des processus psychothérapeutiques, de leur permettre d'affiner les potentialités thérapeutiques de leurs oeuvres, au même titre que les potentialités esthétiques.


Les contours de ce dispositif essentiellement relationnel varieront sans doute en fonction des personnes concernées ; et il est à espérer que les détournements à venir, à l'image de ceux issus d'autres protocoles de commandes artistiques, seront l'occasion de remettre en question les pratiques des artistes comme celles des thérapeutes, au bénéfice de la potentialité thérapeutique des œuvres produites.


Ce projet propose également une première étape d'un modèle, encore limité, de rémunération de l'artiste. La précarité financière concerne une immense majorité des artistes en France, et la question du développement de rémunérations alternatives, dont une des fonction est de limiter les facteurs de risques psychiques touchant les artistes (pression concurrentielle, instabilité, précarité) est essentielle.
























BIBLIOGRAPHIE


1. Fancourt, Daisy, et Saoirse Finn. What Is the Evidence on the Role of the Arts in Improving Health and Well-Being? A Scoping Review. WHO Regional Office for Europe, 2019. PubMed, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK553773/.].

2. Lemarquis P. L’art qui guérit. Paris: Hazan; 2020.

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